Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

titre de Gengis[1], le plus grand, et le droit divin à la conquête et à l’empire de l’univers. Dans un couroultaï ou diète générale, il s’assit sur un feutre, qu’on révéra long-temps comme une relique ; et on le proclama solennellement grand-khan ou empereur des Mongouls[2] et des Tartares[3]. De ces noms devenus rivaux, bien que sortis de la même source, le premier s’est perpétué dans la race impériale, et l’autre, par erreur ou par hasard, s’est étendu à tous les habitans des vastes déserts du Nord.

Lois de Gengis-khan.

Le code de lois, dicté par Gengis à ses sujets, protégeait la paix domestique et encourageait les guerres étrangères. Les crimes d’adultère, de meurtre, de

  1. Depuis que Voltaire a publié son histoire et sa tragédie, le nom de Gengis paraît, au moins en français, avoir été généralement adopté. Cependant Abulghazi-khan devait savoir le véritable nom de son ancêtre ; son étymologie paraît juste ; zin, en langue mongoule signifie grand, et gis est la terminaison du superlatif (Hist. généalog. des Tartares, part. III, p. 194, 195). D’après les mêmes idées de grandeur, on a donné le surnom de Zingis à l’Océan.
  2. Le nom de Mongouls a prévalu parmi les Orientaux, et s’applique encore au souverain titulaire, au grand Mogol de l’Indoustan.
  3. Les Tartares (ou proprement les Tatars) descendaient de Tatar-khan, frère de Mogul-khan (Voyez Abulghazi, première et seconde parties). Ils formèrent une horde de soixante-dix mille familles sur les bords du Kitay (p. 103-112) ; dans la grande invasion d’Europe (A. D. 1238), il paraît qu’ils marchaient à la tête de l’avant-garde, et la ressemblance du nom de Tartarei rendit celui de Tartares plus familier aux Latins (M. Paris, p. 398).