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hardouin[1], maréchal de Champagne[2], qui a daigné écrire ou dicter dans l’idiome[3] barbare de son siècle et de son pays[4], la relation des conseils et des expéditions dans lesquelles il joua lui-même un des principaux rôles. À la même époque, Baudouin, comte de Flandre, qui avait épousé la sœur de Thibaut, prit la croix à Bruges, ainsi que son frère Henri et les principaux chevaliers et citoyens de

  1. Le nom de Villehardouin tire son origine d’un village ou château du diocèse de Troyes, entre Bar et Arcy. La famille était noble et ancienne. La branche ainée de notre historien subsista jusqu’en 1400 ; la cadette, qui acquit la principauté de l’Achaïe, se fondit dans la maison de Savoie (Ducange, p. 235-245).
  2. Son père et ses descendans possédèrent cet office ; mais Ducange n’en a pas suivi la trace avec son activité ordinaire. Je trouve qu’en 1356 cet office passa dans la maison de Conflans ; mais ces maréchaux de province sont éclipsés depuis long-temps par les maréchaux de France.
  3. Ce langage, dont je donnerai quelques échantillons, a été expliqué par Vigenère et Ducange dans une version et un glossaire. Le président de Brosses (Méchanisme des langues, t. II, p. 83) le donne comme un modèle du langage qui a cessé d’être français, et qui ne peut être compris que par les grammairiens.
  4. Son âge et son expression, « moi qui ceste œuvre dicta » (no 62, etc.), peuvent faire naître le soupçon (plus fondé que celui de M. Wood relativement à Homère) qu’il ne savait ni lire ni écrire. Cependant la Champagne peut se vanter d’avoir produit les deux premiers historiens, les nobles pères de la prose française, Villehardouin et Joinville.