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cette riche et industrieuse province[1]. Les chefs prononcèrent solennellement leur vœu dans l’église et le ratifièrent dans des tournois. Après avoir débattu les opérations de l’entreprise dans plusieurs assemblées générales, on résolut, pour délivrer la Palestine, de porter la guerre en Égypte, contrée ruinée, depuis la mort de Saladin, par la famine et les guerres civiles. Mais le sort de tant d’armées conduites par des souverains démontrait le danger d’entreprendre par terre cette longue expédition ; et quoique les Flamands habitassent les côtes de l’Océan, les barons français manquaient de vaisseaux et n’avaient pas la moindre connaissance de l’art de la navigation. Ils nommèrent sagement six députés ou représentans, du nombre desquels était Villehardouin, et leur donnèrent le pouvoir de traiter pour la confédération et de diriger tous ses mouvemens. Les états maritimes de l’Italie pouvaient seuls transporter les pèlerins, leurs armes et leurs chevaux ; et les six députés se rendirent à Venise pour solliciter, par des motifs de dévotion et d’intérêt, le secours de cette puissante république.

État des Vénitiens. A. D. 697-1200.

Dans l’invasion d’Attila en Italie, j’ai raconté[2] que les Vénitiens échappés des villes détruites du

  1. La croisade, les règnes du comte de Flandre, de Baudouin et de son frère Henri, font le sujet particulier d’une histoire composée par Doutremens, jésuite (Constantinopolis Belgica, Tournai, 1638, in-4o.), que je ne connais que d’après ce qu’en a dit Ducange.
  2. Hist. etc, t. VI, p. 356.