Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/353

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de Delhi, ville vaste et florissante, et possédée depuis trois siècles par des rois mahométans. Le siége, et principalement celui de la citadelle, aurait pu exiger beaucoup de temps ; mais déguisant ses forces, il attira dans la plaine le sultan Mahmoud, suivi de son visir, de dix mille cuirassiers, quarante mille de ses gardes et cent vingt éléphans dont les défenses étaient armées, dit-on, de lames tranchantes et empoisonnées. Timour daigna prendre quelques précautions contre ces monstres, ou plutôt contre la terreur qu’ils inspiraient à ses troupes. Il fit allumer des feux, creuser un fossé et forma un rempart de bouchers et de pointes de fer : mais l’événement apprit aux Mongouls combien leur frayeur était ridicule, et aussitôt que ces animaux maladroits eurent été mis en fuite, l’espèce inférieure, celle des Indiens, disparut sans combattre. Timour entra en triomphe dans la capitale de l’Indoustan ; il admira l’architecture de la grande mosquée, et annonça le dessein d’en construire une semblable. Mais l’ordre ou la permission d’un pillage et d’un massacre général déshonora les réjouissances de la victoire. Timour résolut ensuite de purifier ses soldats dans le sang des idolâtres ou gentoux, qui surpassaient encore, dans la proportion de dix à un, le nombre des musulmans : il s’avança, pour exécuter cette pieuse intention, à cent milles au nord-est de Delhi, passa le Gange, donna plusieurs batailles sur la terre et sur l’eau et pénétra jusqu’au fameux rocher de Coupèle, qui, sous la forme d’une vache, semble vomir ce