Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/363

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[De Damas. A. D. 1401. 23 janv.]Timour ne réserva du massacre vénérai qu’une famille qui avait honorablement enterré la tête d’Hosein, et une colonie d’ouvriers ou d’artisans qu’il fit passer à Samarcande. Après une existence de sept cents ans, la ville de Damas fut réduite en cendres par le zèle religieux d’un Tartare qui voulait venger le sang d’un Arabe. Les pertes et les fatigues de cette campagne forcèrent Timour de renoncer à la conquête de l’Égypte et de la Palestine ; mais en retournant vers l’Euphrate, il livra la ville d’Alep aux flammes, et constata la piété de ses motifs en accordant la liberté et des récompenses à deux mille sectaires d’Ali, qui se proposaient de visiter la tombe de son fils. Je me suis étendu sur les anecdotes qui servent à faire connaître le caractère personnel du héros mongoul ; mais je raconterai brièvement[1] [Et de Bagdad. A. D. 1401, 23 juillet.]qu’il éleva une pyramide de quatre-vingt-dix mille têtes sur les ruines de Bagdad, et qu’après avoir encore ravagé la Géorgie, il campa sur les bords de l’Araxe, et annonça la résolution de marcher contre l’empereur ottoman. Sentant l’importance de cette guerre, il rassembla les forces de toutes ses provinces ; huit cent mille hommes inscrivirent leur nom sur le rôle militaire[2] ; mais le commande-

  1. Sherefeddin (l. V, c. 29-43) et Arabshah (t. II, c. 15-18) racontent les marches et les conquêtes de Timour entre la guerre de Syrie et celle des Ottomans.
  2. Ce nombre de huit cent mille est tiré d’Arabshah, ou plutôt d’Ebn-Shounah (ex rationario Timuri), qui le rapporte sur le témoignage d’un officier carizmien (t. I, c. 68,