Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/371

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l’événement. Je n’ignore point le sort que vous réserviez à moi et à mes soldats, si vous eussiez été vainqueur. Mais je méprise la vengeance ; votre vie et votre honneur sont en sûreté ; je témoignerai ma reconnaissance envers Dieu par ma clémence envers l’homme. » Le sultan captif montra quelques signes de repentir, se soumit au don humiliant d’une robe d’honneur, et embrassa, les larmes aux yeux, son fils Mousa que Timour fit chercher à sa prière, et qu’on trouva sur le champ de bataille parmi les prisonniers. On logea les princes ottomans dans un pavillon magnifique, où ils furent gardés avec presque autant de respect que de vigilance. À l’arrivée du harem de Bursa, Timour rendit au monarque captif sa femme, la reine Despina, et sa fille ; mais il exigea pieusement que cette princesse de Servie, qui avait professé librement jusqu’alors la foi chrétienne, acceptât sans délai la religion de Mahomet. Au milieu des réjouissances de la victoire, auxquelles Bajazet fut invité, l’empereur mongoul décora son prisonnier d’un sceptre et d’une couronne, en y ajoutant la promesse de le rétablir sur le trône de ses ancêtres, environné de plus de gloire qu’il n’en avait jamais eu ; mais la mort prématurée de Bajazet prévint l’exécution de ce projet. Malgré les soins des plus habiles médecins, il mourut d’une apoplexie à Akshehr, l’Antioche de Pisidie, environ neuf mois après sa défaite. Le vainqueur versa quelques larmes sur sa tombe. Son corps fut transporté avec pompe dans le mausolée qu’il avait fait élever à Bursa ; et son fils Mousa, après avoir