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reçu de riches présens de bijoux, d’or, d’armes et de chevaux, fut investi, par une patente écrite en rouge de la souveraineté de l’Anatolie.

Tel est le portrait d’un vainqueur généreux, extrait de ses propres mémoires, et dédié à son fils et à son petit-fils dix-neuf ans après sa mort[1]. À cette époque où des milliers de témoins connaissaient parfaitement la vérité, un mensonge manifeste aurait été une satire de sa conduite réelle. Ces preuves adoptées par tous les historiens persans, sont d’un grand poids[2] ; mais la flatterie, particulièrement en Orient, est bien vile et bien audacieuse, et le traitement cruel et ignominieux que reçut Bajazet est attesté par une suite de témoins dont nous citerons quelques-uns par ordre de temps et de pays. [Attestée, 1o. par les Français.]1o. Le lecteur n’a pas sans doute oublié la garnison de Français que le maréchal de Boucicault laissa à son départ pour la défense de Constantinople. Ils étaient à portée d’apprendre des premiers, et de la manière la plus exacte, le sort de leur redoutable adversaire, et il est plus que probable que quelques--

  1. Voyez l’Histoire de Sherefeddin (l. V, c. 49-52, 53-59, 60). Cet ouvrage fut achevé à Shiraz, dans l’année 1424, et dédié à Ibrahim, fils de Sharokh, fils de Timour, qui régnait sur le Farsistan du vivant de son père.
  2. Après avoir lu Khondemir, Ebn-Shounah, etc., le savant d’Herbelot (Bibl. orient., p. 882) peut affirmer qu’on ne trouve cette fable dans aucune histoire authentique ; mais en niant qu’Arabshah l’ait adoptée d’une manière visible, il fait naître des soupçons sur son exactitude.