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louanges ; s’il n’eût été qu’un particulier, c’était, leur dit-il, en soutenant une semblable cause et dans une pareille société qu’il eût désiré de finir ses jours ; mais comme magistrat de la république, il leur demanda quelque temps pour consulter ses collègues sur cette affaire importante. La proposition des Français fut d’abord discutée par les six sages récemment nommés pour surveiller l’administration du doge ; on en fit part ensuite aux quarante membres du conseil d’état, et elle fut enfin communiquée à l’assemblée législative, composée de quatre cent cinquante membres élus annuellement dans les six quartiers de la ville. Soit en paix, soit en guerre, le doge était toujours le chef de la république, et la réputation personnelle de Dandolo ajoutait du poids à son autorité légale : on examina et on approuva ses raisons en faveur de l’alliance, et il fut autorisé à informer les ambassadeurs des conditions du traité[1]. On proposait aux croisés de s’assembler, vers la fête de Saint-Jean de l’année suivante, à Venise ; ils devaient y trouver des bâtimens à fond plat pour embarquer quatre mille cinq cents chevaux et neuf mille écuyers, avec un nombre de vaisseaux suffisant pour transporter quatre mille cinq cents chevaliers et vingt mille hommes de pied. Les Vénitiens devaient, durant neuf mois, fournir la flotte de toutes les provisions nécessaires, et la conduire partout où le service de

  1. Voyez le traité original dans la Chronique d’André Dandolo, p. 323-326.