Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/406

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discernement pour choisir, rien ne le contrariait dans la liberté du choix. On disposait les candidats par les privations aux travaux, et par les habitudes de l’obéissance, à celles du commandement. Les troupes étaient toutes animées du même esprit ; et les chrétiens, qui ont fait la guerre aux Ottomans, n’ont pu refuser des louanges à la sobriété, à la patience et à la silencieuse modestie des janissaires[1]. La victoire ne devait pas paraître douteuse en comparant la discipline et l’éducation des Turcs à l’indocilité des chevaliers, à l’orgueil que leur inspirait leur naissance, à l’ignorance des recrues, au caractère séditieux des vétérans, à l’intempérance et au désordre qui ont régné si long-temps dans les armées de l’Europe.

Invention et usage de la poudre à canon.

L’empire grec et les royaumes voisins n’auraient pu se défendre que par le secours de quelque arme nouvelle, de quelque découverte dans l’art de la guerre, qui leur auraient donné une supériorité décisive sur les Turcs. Ils possédaient cette arme, et cette découverte avait été faite au moment qui devait décider de leur destinée. Les chimistes d’Europe ou de la Chine avaient découvert, soit par hasard, soit par leurs recherches, qu’un mélange de salpêtre, de soufre et de charbon, produisait, à l’aide d’une seule étincelle de feu, une explosion formidable. Ils observèrent bientôt que cette force expansive, comprimée dans un tube solide, pouvait chas-

  1. Voyez les Lettres judicieuses et amusantes de Busbecq.