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ce traité n’eut jamais ni exécution ni publicité. Le secours des Romains et la soumission des Grecs n’existèrent que dans l’imagination de leur souverain, que le secret sauva seul du déshonneur de cette inutile humiliation.

Visite de Jean Paléologue à Urbain V, à Rome. A. D. 1369, oct. 9.

Les armées victorieuses des Turcs fondirent bientôt sur lui. Après avoir perdu Andrinople et la Romanie, il se trouva resserré dans sa capitale, vassal de l’orgueilleux Amurath, et réduit à la misérable espérance de n’être que le dernier dévoré par ce sauvage. Dans cet état d’abaissement, Paléologue prit la résolution de s’embarquer pour Venise, d’où il alla se jeter aux pieds du pape, il fut le premier souverain de Byzance qui eût jamais visité les régions inconnues de l’Occident ; mais Paléologue ne pouvait espérer de trouver ailleurs des secours et de la consolation, et sa dignité était moins offensée de paraître dans le sacré collége qu’à la Porte ottomane. Après une longue absence, les papes retournaient alors des bords du Rhône sur ceux du Tibre ; Urbain V[1], pontife d’un caractère doux et vertueux, encouragea ou permit le pèlerinage du prince grec ; et le palais du Vatican reçut dans la même année les deux fan-

  1. Voyez les deux Vies originales d’Urbain V dans Muratori (Script. rerum italicar., t. III, part. II, p. 623-635), et les Annales ecclésiastiques de Spondanus (t. I, p. 573, A. D. 1369, no 7) ; et Raynald (Fleury, Hist. ecclés., t. XX, p. 223, 224.) Cependant, d’après quelques contradictions, je soupçonne les historiens des papes d’avoir légèrement exagéré les génuflexions de Paléologue.