Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/458

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décider sur le lieu même. La suprématie du pape paraissait plus importante et plus contestable ; cependant les Orientaux avaient toujours reconnu l’évêque de Rome pour le premier des cinq patriarches ; ils ne firent point difficulté d’admettre qu’il exercerait sa juridiction conformément aux saints canons ; condescendance vague qui pouvait se définir ou s’éluder selon les circonstances. La procession du Saint-Esprit, du père seul, ou du père et du fils, était un article de foi plus profondément enraciné dans l’opinion des hommes. Dans les sessions de Ferrare et de Florence, on divisa l’addition latine de filioque en deux questions ; 1o. celle de la légalité ; 2o. et celle de l’orthodoxie. Il n’est peut-être pas nécessaire de protester sur un pareil sujet de mon impartiale indifférence ; mais il me semble que les Grecs avaient en leur faveur un argument victorieux dans la défense, faite par le concile de Chalcédoine, d’ajouter aucun article, quel qu’il fût, au symbole de Nicée, ou plutôt de Constantinople[1]. Dans les affaires de ce monde, il n’est pas aisé de concevoir qu’une assemblée de législateurs puisse lier les mains à des successeurs revêtus de la même autorité ; mais une décision, dictée par l’inspiration divine, doit être vraie et immuable ; l’avis d’un évêque ou d’un synode

  1. Les Grecs opposés à l’union ne voulaient pas sortir de ce poste avantageux (Syropulus, p. 178, 193-195, 202). Les Latins n’eurent pas honte de produire un vieux manuscrit du second concile de Nicée, dans lequel on avait ajouté filioque au symbole, supposition évidente (p. 173).