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terreur en réfléchissant que les écoles et les bibliothéques de la Grèce auraient pu être détruites avant que l’Europe sortît de sa barbarie, et que les germes des sciences auraient été dispersés avant que le sol de l’Italie fût suffisamment préparé pour leur culture.

Renaissance de l’érudition grecque en Italie.

Les plus savans Italiens du quinzième siècle avouent et célèbrent la renaissance de l’érudition grecque[1], ensevelie depuis plusieurs siècles dans l’oubli. On cite pourtant dans cette contrée et au-delà des Alpes quelques hommes savans, qui, dans les siècles d’ignorance, se distinguèrent honorablement par la connaissance de la langue grecque, et la vanité nationale n’a point négligé les louanges dues à ces exemples d’érudition extraordinaire. Sans examiner trop scrupuleusement leur mérite personnel, on doit remarquer que leur science était sans motif et sans utilité ; qu’ils pouvaient aisément se satisfaire eux-mêmes ainsi que des contemporains encore plus ignorans ; qu’il existait chez eux très-peu de manuscrits écrits dans la langue qu’ils avaient apprise si miraculeusement, et qu’on ne l’enseignait dans aucune université de l’Occident. Il en restait quelques

  1. Les écrivains qui ont traité le plus à fond la restauration de la langue grecque en Italie, sont le doct. Homph. Hody (De Græcis illustribus, linguæ græcæ litterarumque humaniorum instauratoribus, Londres, 1742, grand in-8o) et Tiraboschi (Istoria della Letteratura italiana, t. V, p. 364-377 ; t. VII, p. 112-143). Le professeur d’Oxford est un savant laborieux ; mais le bibliothécaire de Modène jouit des avantages d’un historien national et moderne.