Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le siècle suivant, sa version latine. Boccace recueillit dans la conversation de Léon les matériaux de son traité sur la généalogie des dieux du paganisme, que son siècle regarda comme un prodige d’érudition. L’auteur le parsema de caractères et de passages grecs pour exciter la surprise et l’admiration de ses ignorans contemporains[1]. Les premiers pas de l’instruction sont lents et pénibles ; l’Italie entière ne fournit d’abord que dix disciples d’Homère : Rome, Venise et Naples n’ajoutèrent pas un seul nom à cette liste. Mais les étudians se seraient multipliés et les progrès auraient été plus rapides, si l’inconstant Léon n’eût pas abandonné, au bout de trois ans, une situation honorable et avantageuse. En passant à Padoue, il s’arrêta quelques jours chez Pétrarque, qui fut aussi blessé de son caractère sombre et insociable, que satisfait de son érudition. Mécontent des autres et de lui-même, dédaignant le bonheur dont il pouvait jouir, Léon ne portait jamais son imagination avec plaisir que sur les personnes et les objets absens. Thessalien en Italie, et Calabrois en Grèce, il méprisait, en présence des Latins, leurs mœurs, leur religion et leur langage, et ne fut pas plus tôt arrivé à Constantinople qu’il regretta la ri-

  1. Boccace se permet une honnête vanité : Ostentationis causâ græca carmina adscripsi… jure utor meo ; meum est hoc decus, mea gloria scilicet inter Etruscos græcis uti carminibus. Nonne ego fui qui Leontium Pilatum, etc. (De genealog. Deorum, l. XV, c. 7). Cet ouvrage oublié aujourd’hui eut treize ou quatorze éditions.