Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/48

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désir d’assurer à son pays les avantages inestimables qui devaient en résulter pour son commerce et sa puissance[1]. Leur influence obtint aux ambassadeurs d’Alexis une réception favorable ; et si la grandeur de ses offres excita quelque défiance, les motifs et les récompenses qu’il présentait purent justifier le retard apporté à la délivrance de Jérusalem, et l’emploi des forces qui y avaient été consacrées. Il promit pour lui et pour son père, qu’aussitôt qu’ils auraient recouvré le trône de Constantinople, ils termineraient le long schisme des Grecs, et se soumettraient, eux et leurs sujets, à la suprématie de l’Église romaine. Il s’engagea à récompenser les travaux et les services des croisés, parle payement immédiat de deux cent mille marcs d’argent, à suivre les pèlerins en Égypte, ou, si on le jugeait plus avantageux, à entretenir, durant une année, dix mille hommes, et durant toute sa vie, cinq cents chevaliers pour le service de la Terre-Sainte. La république de Venise accepta ces conditions séduisantes ; et l’éloquence du doge et du marquis persuadèrent aux comtes de Blois, de Flandre et de Saint-Paul, ainsi qu’à huit barons de France, de prendre part à cette glorieuse entreprise. On scella, par les sermens ordinaires, un traité d’alliance offensive et défensive ; chaque individu fut séduit, selon sa situation ou son caractère,

  1. Nicétas (in Alex. Comn., l. III, c. 9) accuse le doge et les Vénitiens d’avoir été les auteurs de la guerre contre Constantinople, et ne considère que comme κυμα υϖερ κυματι l’arrivée et les offres honteuses du prince exilé.