Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/75

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une masse de fer à la main, visitant les postes et affectant la démarche et le maintien d’un guerrier, se faisait redouter du moins de ses soldats et de ses compatriotes. Avant et après la mort d’Alexis, les Grecs avaient deux fois, par des entreprises vigoureuses et bien concertées, essayé de brûler la flotte dans le port ; mais l’intelligence et la valeur des Vénitiens éloignèrent les brûlots, et ils se consumèrent au milieu de la mer sans causer aucun dommage[1]. Henri, frère du comte de Flandre, repoussa l’empereur grec dans une sortie nocturne ; l’avantage du nombre et de la surprise augmentèrent la honte de sa défaite. On trouva son bouclier sur le champ de bataille, et l’étendard impérial, sur lequel était une image miraculeuse de la Vierge, fut donné, comme un trophée et comme une relique, aux moines de Cîteaux, disciples de saint Bernard[2]. Environ trois mois se passèrent en préparatifs et en escarmouches, sans en excepter le saint temps du carême, et sans que les Latins entreprissent de donner un assaut général. La

  1. Baudouin parle de ces deux tentatives contre la flotte, (Gesta) c. 92, p. 534, 535 ; Villehardouin (nos 113-115) ne parle que de la première. Il est à remarquer qu’aucun de ces guerriers n’observe aucune propriété particulière aux feux grégeois.
  2. Ducange (no 119) nous inonde d’un torrent d’érudition relativement au gonfanon impérial. On montre encore cette bannière de la Vierge à Venise comme un trophée et une relique. Si c’est la véritable, le pieux Dandolo a trompé les moines de Cîteaux.