Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/76

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ville avait été reconnue imprenable du côté de la terre ; les pilotes vénitiens représentaient que l’encrage n’étant pas sûr vers les bords de la Propontide, le courant pourrait entraîner les vaisseaux jusqu’au détroit de l’Hellespont, et ces difficultés plaisaient infiniment à une partie des pèlerins, qui désiraient trouver un prétexte pour abandonner l’armée. On résolut cependant de former une attaque du côté du port. Les assiégés s’y attendaient, et l’empereur avait placé son pavillon écarlate sur une hauteur voisine, d’où il dirigeait et animait les efforts de ses soldats. Un spectateur intrépide et capable de jouir en ce moment d’un beau et magnifique spectacle, aurait admiré le vaste déploiement de ces deux armées rangées en bataille, et présentant chacune un front d’environ une demi-lieue, l’une sur les vaisseaux et les galères, l’autre sur les remparts et sur les tours dont l’élévation était encore augmentée par d’autres tours en bols à plusieurs étages. L’attaque commença par une décharge réciproque de feux, de pierres et de dards ; mais les eaux étaient profondes, les Français audacieux, les Vénitiens habiles ; ils approchèrent des murs, et sur les ponts tremblans qui joignaient les batteries flottantes des Français aux batteries solides des Grecs, il se livra un combat terrible à l’épée, à la hache et à la lance. Ils formèrent au même instant plus de cent attaques différentes, soutenues avec une égale vigueur jusqu’au moment où l’avantage du terrain et la supériorité du nombre, décidant la victoire, forcèrent les Latins à songer à la retraite. Le lendemain