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de quarante jours, [Détresse de la ville.]rien ne pouvait plus différer la prise de Constantinople ; la garnison peu nombreuse se trouvait épuisée par une double attaque ; le canon des Ottomans avait détruit de toutes parts ces fortifications qui avaient résisté pendant près de dix siècles à l’attaque des ennemis ; elles offraient plusieurs brèches, et près de la porte de Saint-Romain l’artillerie des Turcs avait abattu quatre tours. Pour payer ses troupes, faibles et prêtes à se révolter, Constantin fut réduit à dépouiller les églises, en promettant de restituer quatre fois la valeur de ce qu’il y prenait ; et ce sacrilége fournit aux ennemis de l’union un nouveau sujet de reproche. L’esprit de discorde diminuait encore le peu de forces des chrétiens ; les auxiliaires génois et vénitiens faisaient valoir leur prééminence respective, et Justiniani et le grand-duc, dont l’ambition n’était pas amortie par leur commun danger, s’accusaient mutuellement de perfidie et de lâcheté.

Préparatifs des Turcs pour l’assaut final.

Durant le siége de Constantinople on avait parlé quelquefois de paix et de capitulation, et il y avait eu plusieurs messages entre le camp et la ville[1]. La fierté de l’empereur grec se trouvait abattue par le malheur, et pourvu qu’on mît à couvert sa religion et sa royauté, il se serait soumis à toutes les conditions. Mahomet désirait épargner le sang de

  1. Chalcocondyles et Ducas diffèrent sur l’époque et les détails de la négociation ; et comme elle ne fut ni glorieuse ni salutaire, le fidèle Phranza épargne à son prince jusqu’à la pensée de se rendre.