Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/121

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plus nobles productions de la science et de la littérature des anciens Grecs. On songe du moins avec plaisir qu’une portion inestimable de nos richesses classiques était déjà déposée en sûreté dans l’Italie, et que des ouvriers d’une ville d’Allemagne avaient fait une découverte qui brave les ravages du temps et des Barbares.

Mahomet II parcourt la ville, Sainte-Sophie, le palais, etc.

Le désordre et le pillage commencèrent à Constantinople dès la première heure[1] de cette mémorable journée du 29 mai ; ils se prolongèrent jusqu’à la huitième : à ce moment, Mahomet arriva en triomphe par la porte de Saint-Romain ; il était accompagné de ses visirs, de ses pachas et de ses gardes, dont chacun, dit un historien de Byzance, doué de la force d’Hercule et de l’adresse d’Apollon, équivalait, en un jour de bataille, à dix hommes ordinaires. Le vainqueur[2] fut frappé d’étonnement et de surprise à l’aspect magnifique, mais étrange à ses yeux, de ces dômes et de ces palais d’un style si différent de celui de l’architecture orientale. Lorsqu’il fut dans l’Hippodrome ou Atmeidan, la colonne des trois serpens attira son attention ; et pour montrer sa force, il abattit, avec sa massue de fer ou sa hache de bataille, la mâchoire inférieure de l’un de ces mons-

  1. On suivait à Constantinople le calendrier Julien, qui compte les jours et les heures depuis minuit ; mais Ducas semble ici prendre les heures à compter du lever du soleil,
  2. Voyez les Annales turques, p. 329, et les Pandectes de Leunclavius, p. 448.