Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vée qu’avait choisie Constantin[1]. Il prit la précaution de détruire les fortifications de Galata, où les Latins auraient pu trouver un refuge ; mais il fit promptement réparer les dommages causés par l’artillerie des Turcs, et avant le mois d’août on avait préparé une grande provision de chaux pour rétablir les murs de la capitale, le sol et les édifices publics et particuliers, sacrés et profanes, appartenant au vainqueur. Il prit sur la pointe du triangle un terrain de huit stades pour son sérail ou son palais. C’est là qu’au sein de la mollesse, le grand seigneur (nom pompeux imaginé par les Italiens) semble régner sur l’Europe et sur l’Asie, tandis que sa personne, non plus que les rives du Bosphore, n’est pas à l’abri des insultes d’une escadre ennemie. Il accorda un grand revenu à la cathédrale de Sainte-Sophie, désormais devenue mosquée : il la fit couronner de minarets élevés ; il l’environna de bocages et de fontaines qui servent aux ablutions des musulmans et qui leur procurent de la fraîcheur. On suivit le même modèle dans la construction des jami ou mosquées royales : la première fut bâtie par Maho-

  1. Voyez sur le rétablissement de Constantinople et les fondations des Turcs, Cantemir (p. 102-109), Ducas (c. 42), Thevenot, Tournefort, et nos autres voyageurs modernes. L’auteur de l’Abrégé de l’Histoire ottomane (l. I, p. 16-21) fait un tableau exagéré de la grandeur et de la population de Constantinople, d’où nous pouvons apprendre toutefois, qu’en 1586 les musulmans étaient moins nombreux dans cette capitale que les chrétiens ou même les Juifs.