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armée, la capitale de David, qui osait prendre le titre d’empereur de Trébisonde[1] : la négociation se borna à une question unique et péremptoire : « Voulez-vous, lui dit le sultan, en résignant votre royaume, conserver votre vie et vos richesses ? ou bien aimez-vous mieux perdre votre royaume, vos richesses et la vie ? » Le faible Comnène fut épouvanté, et suivit l’exemple d’un musulman son voisin, le prince de Sinope[2], qui, d’après une pareille sommation, avait livré une ville fortifiée, quatre cents canons et dix ou douze mille soldats. [De Trébisonde. A. D. 1461.]On exécuta fidèlement les articles de la capitulation de Trebisonde. David et sa famille furent conduits dans un château de la Romanie ; mais David fut soupçonné, d’après de légers indices, d’entretenir une correspondance avec le roi de Perse, et le vainqueur l’im-

  1. Tournefort (l. III, lettre 17, p. 179) dit que Trébisonde est mal peuplée ; mais Peyssonnel, le dernier et le plus exact des observateurs, lui donne cent mille habitans (Commerce de la mer Noire, t. II, p. 72, et pour la province, p. 53-90). Sa prospérité et son commerce sont troublés continuellement par les querelles factieuses des deux Odas de janissaires, dans l’une desquelles s’enrôlent ordinairement trente mille Lazis (Mém. de Tott, t. III, p. 16, 17).
  2. Ismaël Beg, prince de Sinope ou de Sinople, avait un revenu de deux cent mille ducats, qui provenait surtout de ses mines de cuivre (Chalcocondyles, l. IX, p. 258, 259). Peyssonnel (Commerce de la mer Moire, t. II, p. 100) donne à la ville moderne soixante mille habitans. Cette population paraît énorme ; toutefois c’est en commerçant avec un peuple qu’on connaît sa richesse et sa population.