Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/138

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enthousiasme faible ou simulé ; mais lorsqu’il arriva à Ancône pour s’embarquer lui-même avec les troupes, les engagemens s’évanouirent en excuses, le jour du départ, fixé d’une manière précise, fut remis à une époque indéfinie, et son armée se trouva composée de quelques pèlerins allemands qu’il fut obligé de renvoyer avec des indulgences et des aumônes. Ses successeurs et les autres princes de l’Italie, ne s’occupèrent pas de l’avenir ; dominés par le moment, ils ne songèrent qu’à s’agrandir autour d’eux : la distance ou la proximité de chaque objet déterminait à leurs yeux sa grandeur apparente. Des vues plus étendues les auraient engagés pour leur propre intérêt, à soutenir sur mer une guerre défensive contre l’ennemi commun, et l’appui de Scanderbeg et de ses braves Albanais aurait empêché l’invasion du royaume de Naples. Le siége et le sac d’Otrante par les Turcs, répandirent une consternation générale, et le pape Sixte IV se disposait à fuir au-delà des Alpes, [Mort de Mahomet II. A. D. 1481, mai 3, ou 2 juillet.]lorsque cet orage fut dissipé par la mort de Mahomet II, qui termina sa carrière à l’âge de cinquante-un ans[1]. Son génie ambitieux aspirait à la conquête

  1. Outre les deux analistes indiqués dans la note précédente, le lecteur peut consulter Giannone (Istoria civile, t. III, p. 449-455) sur l’invasion du royaume de Naples par les Turcs. Quant aux détails du règne et des conquêtes de Mahomet II, j’ai fait usage quelquefois des Memorie istoriche de’ Monarchi ottomanni di Giovanni Sagredo, Venise, 1677, in-4o. Soit en temps de paix ou en temps de guerre, les Turcs eut toujours fixé l’attention de la république de