Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/144

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ridiction, ils remettaient le glaive de la justice au préfet de la ville ; mais le nom, la langue et les mœurs d’un maître barbare réveillaient tous les préjugés des Romains. Les Césars de la Saxe et de la Franconie étaient les chefs d’une aristocratie féodale ; ils ne pouvaient exercer cette discipline civile et militaire qui seule assure l’obéissance d’un peuple éloigné, impatient du joug de la servitude, quoique peut-être incapable de liberté. Une seule fois dans sa vie chaque empereur passait les Alpes à la tête d’une armée d’Allemands ses vassaux. J’ai décrit le paisible cérémonial de son entrée et de son couronnement ; mais l’ordre en était communément troublé par les clameurs et la sédition des Romains, qui s’opposaient à leur souverain comme à un étranger qui venait envahir leur territoire : son départ était toujours brusque et souvent honteux ; et durant l’absence qu’occasionnait un long règne, on insultait à son pouvoir et on oubliait son nom. Les progrès de l’indépendance en Allemagne et en Italie minèrent la base de la souveraineté impériale, et le triomphe des papes fut la délivrance de Rome.

Autorité des papes dans Rome.

L’empereur avait régné par droit de conquête ; l’autorité du pape était fondée sur l’opinion et l’habitude, base moins imposante, mais plus solide. Le pontife, en affranchissant son pays de l’influence d’un prince étranger, se rendit plus cher à son trou-

    mais il paraît que Pascal II ne voulut pas se permettre sur les siennes cette preuve de dépendance.