Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/185

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lesse ? Suis-je vaincu ? suis-je captif ? Ne suis-je pas environné des drapeaux d’une armée puissante et invincible ? Vous imposez des conditions à votre maître, vous exigez des sermens : si les conditions sont justes, les sermens seraient superflus ; si elles sont injustes, ils deviennent criminels. Pouvez-vous douter de ma justice ? Elle s’étend sur le dernier de mes sujets. Après avoir rendu à l’Empire romain le royaume de Danemarck, ne saurai-je pas défendre le Capitole ? Vous prescrivez la mesure et l’objet de mes largesses ; je les répands avec profusion, mais elles sont toujours volontaires. J’accorderai tout au mérite patient, et je refuserai tout à l’importunité[1].» L’empereur ni le sénat ne purent soutenir ces hautes prétentions de domination et de liberté. Frédéric, réuni au pape et suspect aux Romains, continua sa marche vers le Vatican ; une sortie du Capitole troubla son couronnement, le nombre et la valeur des Allemands triomphèrent dans un combat sanglant ; mais après cette victoire, il ne se crut pas en sûreté sous les murs d’une ville dont il se disait le souverain. Douze années après, il voulut placer un antipape sur

    langage de la cour et de la diète d’Allemagne, parle des Francs du douzième siècle comme de la nation régnante (proceres Francis, equites Franci, manus Francorum) : il ajoute cependant l’épithète de Teutonici.

  1. Othon de Freysingen, De gestis Freder. I, l. II, c. 22, p. 720-723. Dans la traduction et l’abrégé de ces actes authentiques et originaux, je me suis permis quelques libertés, mais sans m’écarter du sens.