Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/211

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faire connaître les familles romaines qui se sont éteintes à diverses époques, ou celles qui se sont prolongées jusqu’à nos jours[1] ; celle des Frangipani, qui eut des consuls à la renaissance de la république, tire son nom de la générosité qu’elle eut de rompre (frangere) ou partager son pain avec le peuple dans une famine, souvenir plus glorieux que celui d’avoir, avec les Corsi et ses alliés, enfermé un grand quartier de la ville dans les chaînes de ses fortifications. Les Savelli, qui paraissent être d’extraction Sabine, ont conservé leur dignité première. On trouve sur les monnaies des premiers sénateurs, le vieux surnom de Capizucchi ; les Conti ont gardé les honneurs, mais non pas les domaines des comtes de Signia, et les Annibaldi[2] doivent avoir été bien

  1. Muratori a publié deux dissertations (41 et 42) sur les noms, les surnoms et les familles de l’Italie. Sa critique ferme et modérée a pu blesser quelques nobles qui s’enorgueillissent de leurs fabuleuses généalogies. Cependant, quelques onces d’or pur valent mieux que plusieurs livres d’un métal grossier.
  2. Le cardinal de Saint-George, dans son histoire poétique ou plutôt versifiée de l’élection et du couronnement de Boniface VIII (Murat., Script. ital., tom. III, part. I, p. 641, etc.) nous fait connaître l’état de Rome et les familles qu’elle renfermait lors de ce couronnement (A. D. 1295) :

    Interea titulis redimiti sanguine et armis
    Illustresque viri Romanâ a stirpe trahentes
    Nomen in emeritos tantæ virtutis honores
    Intulerant sese medios festumque colebant
    Auratâ fulgentes togâ sociante catervâ.
    Ex ipsis devota domus præstantis ab URSA