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obtenu souvent les illustrations du mérite, et toujours celles de la fortune[1]. Vers la fin du treizième siècle, la branche la plus puissante était composée d’un oncle et de six frères, tous distingués dans les armes ou élevés aux dignités ecclésiastiques. Pierre, l’un d’entre eux, fut choisi pour sénateur de Rome ; un char de triomphe le porta au Capitole, et quelques voix le saluèrent du vain titre de César : Jean et Étienne furent nommés marquis d’Ancône et comtes de la Romagne par Nicolas IV, qui favorisa tellement leur famille, que sur des portraits satiriques on le voit emprisonné dans une colonne creuse[2]. Après sa mort, leur conduite hautaine révolta Boniface VIII, le plus implacable des hommes. Deux cardinaux de cette famille, l’oncle et le neveu, contestèrent son élection, et il employa contre leur maison les armes temporelles et spirituelles du saint siége[3]. Il proclama une croisade contre ses enne-

  1. Je ne dois pas oublier le triomphe romain ou l’ovation de Marc-Antoine Colonne, qui avait commandé les galères du pape à la bataille de Lépante (De Thou, Hist., l. VII, t. III, p. 55, 56 ; Muratori, Oratio 10, Opp. tom. I, p. 180-190).
  2. Muratori, Annali d’Italia, t. X, p. 216-220.
  3. L’attachement de Pétrarque pour la maison de Colonne a engagé l’abbé de Sade à donner beaucoup de détails sur la position de cette famille au quatorzième siècle, sur la persécution de Boniface VIII, le caractère d’Étienne et de ses fils, leurs querelles avec les Ursins, etc. (Mém. sur Pétrarque, t. I, p. 98-110, 146-148, 174-176, 222-230, 275-280). Sa critique rectifie souvent les faits rapportés par