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douzième siècle : on les appelait les fils d’Ursus, du nom de quelque personnage élevé en dignité, personnage dont on ne sait rien, sinon qu’il est leur premier ancêtre. Ils se distinguèrent bientôt entre les nobles de Rome par le nombre et la valeur de leurs alliés, par la force des tours qui leur servaient de défense, par les dignités du sénat et du sacré collége, et par deux papes de leur famille et de leur nom, Célestin III et Nicolas III[1]. Leurs richesses prouvent que les abus du népotisme sont très-anciens. Célestin aliéna en leur faveur les domaines de saint Pierre[2], et Nicolas, qui sollicita pour eux l’al-

    française à la maison des Ursins. Elle a pu en effet passer de France en Italie à une époque très-reculée.

  1. La Vie de Célestin V, que le cardinal de Saint-George a publiée en vers (Murat., t. III, part. I, p. 613, etc.) contient ce passage, qui est très-clair et qui ne manque pas d’élégance (l. I, c. 3, p. 203, etc.) :

        — Gennit quem nobilis Ursæ (Ursi ?)

    Progenies, romana domus, veterataque magnis
    Fascibus in clero, pompasque experta senatus,
    Bellorumque manû grandi stipata parentum
    Cardineos apices necnon fastigia dudum
    Papatus iterata tenens.

    Muratori (Dissert. 42, t. III) voudrait lire Ursi. Il observe que le premier pontificat de Célestin III, Ursin, était inconnu.

  2. Filii Ursi, quondam Celestini papæ nepotes, de bonis Ecclesiæ romanæ ditati (Vit. Innocent. III, in Muratori, Script., t. III, p. 1). La prodigalité de Nicolas III envers ses parens se voit mieux encore dans Villani et Muratori : cependant les Ursins auraient dédaigné les neveux d’un pape moderne.