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pion le plus renommé des Ursins[1]. Il ne dut son triomphe qu’à la violation de la trêve qui subsistait alors ; et les Ursins s’en vengèrent lâchement en assassinant à la porte d’une église un enfant des Colonne et deux domestiques qui le suivaient. Le même Étienne Colonne fut nommé sénateur de Rome pour cinq ans, et on lui donna un collègue qui ne devait rester en place qu’une année ; la muse de Pétrarque s’abandonnant à ses vœux ou à ses espérances, prédit que le fils de son respectable héros rétablirait l’antique gloire de Rome et de l’Italie, que sa justice anéantirait les loups et les lions, les serpens et les ours, qui s’efforçaient de renverser l’inébranlable Colonne de marbre[2].



  1. Pétrarque (t. I, p. 222-230), d’après les sentimens des Colonne, a célébré cette victoire ; mais deux auteurs contemporains, l’un de Florence (Giovanni Villani, l. X, c. 220) et l’autre de Rome (Ludov. Monaldeschi, p. 533, 534), contrarient l’opinion du poète, et sont moins favorables à leurs armes.
  2. L’abbé de Sade (t. I, notes, p. 61-66) a appliqué le sixième sonnet de Pétrarque, spirto Gentil, etc., à Étienne Colonne le jeune :

    Orsi, lupi, leoni, aquila e serpi
    Ad una gran marmorea Colonna
    Fanno noja sovente ed à se damno.