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CHAPITRE LXX.

Caractère et couronnement de Pétrarque. Rétablissement de la liberté et du gouvernement de Rome par le tribun Rienzi. Ses vertus et ses vices, son expulsion et sa mort. Les papes quittent Avignon et retournent à Rome. Grand schisme d’Occident. Réunion de l’Église latine. Derniers efforts de la liberté romaine. Statuts de Rome. Formation définitive de l’état ecclésiastique.

Pétrarque. A. D. 1304, juin 19 ; A. D. 1374, juillet 19.

Les modernes ne voient dans Pétrarque[1] que le chantre italien de Laure et de l’amour. L’Italie, dans ce chantre harmonieux, admire ou plutôt adore le père de sa poésie lyrique ; et l’enthousiasme ou l’affectation de la sensibilité amoureuse, répète ses chants, ou du moins son nom. Quelle que puisse être l’opinion d’un étranger, il n’a qu’une connaissance superficielle de la langue italienne, et il doit s’en rapporter sur ce point au jugement d’une nation éclairée. Toutefois j’ose espérer ou je présume que les Juliens

  1. Les Mémoires sur la vie de François Pétrarque (Amsterdam, 1764, 1767, 3 vol. in-4o.) forment un ouvrage abondant en détails, original et très-agréable. C’est un travail fait d’affection, et d’après l’étude exacte du poète et de ses contemporains ; mais on perd trop souvent le héros au milieu de l’histoire générale de son siècle, et l’auteur se laisse trop souvent affadir par une affectation de politesse et de galanterie. Dans la préface du premier volume, l’abbé de Sade indique vingt biographes italiens qui ont traité spécialement le même sujet, et il examine leur mérite.