Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/224

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trarque, qui voulut obtenir les mêmes honneurs[1], et le laurier[2] tira pour lui un nouvel attrait de la ressemblance de son nom avec celui de Laure. Ces deux objets de ses désirs augmentèrent de prix par la difficulté ; et si la vertu ou la prudence de Laure fut inflexible[3], il subjugua du moins la nymphe de la poésie et put se vanter de son triomphe. Sa vanité n’était pas du genre le plus délicat, puisqu’il s’est plu à célébrer le succès de ses travaux ; son nom était devenu populaire ; ses amis le servaient avec chaleur ; il surmonta enfin, par la dextérité du mé-

  1. Les jeux capitolins (certamen quinquenale musicum equestre ; gymnicum) furent établis par Domitien (Suétone, c. 4) l’an 86 de Jésus-Christ (Censorin, De die Natali, c. 18, p. 100, édit. Havercamp), et ne furent abolis qu’au quatrième siècle (Ausone, De professoribus Burdegal. V). Si la couronne était accordée au mérite supérieur, l’exclusion de Stace (Capitolia nostræ inficiata lyræ, Sylv., l. III, v. 31) peut prouver le talent des poètes qui concouraient aux jeux du Capitole ; mais les poètes latins qui vécurent avant Domitien ne furent couronnés que par l’opinion publique.
  2. Pétrarque et les sénateurs de Rome ignoraient que le laurier était la couronne des jeux de Delphes, et non des jeux capitolins (Pline, Hist. nat., XV, 39 ; Histoire critique de la république des lettres, t. I, p. 150-220). Les vainqueurs du Capitole étaient couronnés d’une guirlande de feuilles de chêne. (Martial, l. IV, épigramme 54.)
  3. Le pieux descendant de Laure s’est efforcé, et non sans succès, de venger la pureté de sa vertu des censures des graves personnages et du sourire malin des gens du monde (t. II, notes, p. 76-82).