Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/263

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vignon ; et après une administration de quatre mois, il fut massacré dans une émeute qu’avaient suscitée les barons romains. Il avait, dit-on, contracté dans la société des Allemands et des Bohémiens des habitudes d’intempérance et de cruauté, le malheur avait amorti son enthousiasme, sans fortifier sa raison ou sa vertu, et ces espérances de la jeunesse, cette vive certitude, gage du succès, étaient remplacées par la froide impuissance de la méfiance et du désespoir. Tribun, il avait régné avec un pouvoir absolu fondé sur le choix et sur l’affection des Romains. Sénateur, il n’était plus que le servile ministre d’une cour étrangère, et pendant qu’il se rendait suspect aux citoyens, il fut abandonné par le prince. Albornoz, qui semblait vouloir le perdre, lui refusa avec inflexibilité tout secours d’hommes et d’argent ; Rienzi, en sa qualité de sujet, n’osait plus toucher aux revenus de la chambre apostolique ; et le premier projet d’impôt fut le signal des clameurs et de la sédition. Sa justice même fut souillée au moins du reproche de cruauté et de personnalité ; il sacrifia à sa méfiance le citoyen de Rome le plus vertueux : et lorsqu’il fit exécuter un voleur public qui l’avait aidé de sa bourse, le magistrat oublia ou se rappela beaucoup trop les obligations du débiteur[1]. Une guerre civile épuisa ses trésors et la

  1. Le P. du Cerceau (p. 344-394) a extrait de Matthieu Villani et de Fortifiocca, un précis de la vie et de la mort du chevalier de Montréal, qui vécut en voleur et mourut en héros. À la tête d’une compagnie libre, la première qui