Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/264

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patience de la ville ; les Colonne enfermés dans le château de Palestrine, se permettaient toujours des hostilités, et ces mercenaires méprisèrent bientôt un chef ignorant et timide, qui se montrait jaloux de tout mérite subalterne. Rienzi offrit durant sa vie et à sa mort un bizarre assemblage d’héroïsme et de lâcheté. Lorsqu’une multitude furieuse investit le Capitole, lorsque ses officiers de l’ordre civil et de l’ordre militaire l’abandonnèrent, le sénateur, intrépide en ce moment, saisit le drapeau de la liberté, se présenta sur le balcon, prononça un discours éloquent, dans lequel il chercha à émouvoir les Romains, et à leur persuader que sa chute entraînerait celle de la république. Des imprécations et une grêle de pierres interrompirent son discours : un trait lui perça la main, et dès cet instant il tomba dans le plus lâche désespoir : il s’enfuit en pleurant au fond du palais, et ne s’y croyant pas en sûreté, il descendit, à l’aide d’un drap, dans une cour donnant sous les fenêtres de la prison. Abandonné, sans espérance, il fut assiégé jusqu’au soir : les portes du Capitole furent détruites par le feu et enfoncées à coups de hache. Le sénateur caché sous l’habit d’un plébéien, voulut s’évader, mais on le reconnut, et on le traîna sur la plate-forme du palais, théâtre fatal de ses jugemens et de ses exécutions. Privé de voix et de mouvement, il demeura une heure entière à moitié

    eût désolé l’Italie, il s’enrichit et devint formidable ; il avait de l’argent dans toutes les banques ; à Padoue, seulement, il avait soixante mille ducats.