Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/267

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fils d’un citoyen de Florence, il ne cessa de préférer le pays où il avait reçu le jour à celui auquel il devait son éducation ; et l’Italie fut toujours à ses yeux la reine et le jardin du monde. Sans doute, malgré ses factions domestiques, elle était plus avancée dans les arts et dans les sciences, plus riche et plus polie que la France, mais la différence n’était pas telle que Pétrarque eût le droit de traiter de barbares toutes les contrées situées au-delà des Alpes. Avignon, la mystique Babylone, réceptacle de tous les vices et de tous les genres de corruption, était l’objet de sa haine et de son mépris ; mais il oubliait que ces vices scandaleux n’étaient pas une production du sol et qu’ils marchaient à la suite du pouvoir et du luxe de la cour des papes. Il avoue que le successeur de saint Pierre est l’évêque de l’Église universelle, mais il ajoute que l’apôtre avait établi son siége non sur les bords du Rhône, mais sur ceux du Tibre, et que tandis que toutes les villes du monde chrétien jouissaient de la présence de leur évêque, la seule métropole demeurait solitaire et abandonnée. Depuis la translation du saint siége, les édifices sacrés de Latran, du Vatican, leurs autels et leurs saints, languissaient dépouillés et dégradés ; et comme si le tableau de la vieillesse et des infirmités d’une femme en pleurs pouvait ramener un mari volage, souvent

    Urbain V en 1366 (t. III, p. 677-691) : l’éloge du dernier de ces pontifes (p. 711-715), son apologie (p. 771). On trouve (Opp., p. 1068-1085) sa discussion pleine de fiel sur le mérite respectif de la France et de l’Italie.