Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se jugeait d’après l’événement, on devrait croire que cette mesure, si raisonnable et si convenable, était contraire aux volontés du ciel. Grégoire XI mourut quatorze mois après son retour au Vatican, et sa mort fut suivie du grand schisme d’Occident qui divisa l’Église durant plus de quarante ans. Le sacré collége était alors composé de vingt-deux cardinaux : six étaient demeurés à Avignon ; onze Français, un Espagnol et quatre Italiens entrèrent au conclave en suivant les formes ordinaires. On n’avait pas encore établi la loi qui ordonne de choisir le pape parmi les cardinaux, [Élection d’Urbain VI, avril 9.]et ils nommèrent d’une voix unanime l’archevêque de Bari, sujet de Naples, et recommandable par son zèle et son savoir ; le nouveau pape prit le nom d’Urbain VI ; et l’épître du sacré collége affirme que son élection avait été libre et régulière, et qu’ils avaient été, comme à l’ordinaire, inspirés par le Saint-Esprit. La cérémonie de l’adoration, de l’investiture et du couronnement se fit de la manière accoutumée : Rome et Avignon obéirent au pouvoir temporel d’Urbain VI, et le monde latin reconnut sa suprématie ecclésiastique. Durant plusieurs semaines, les cardinaux continuèrent à se réunir autour de lui avec les plus vives protestations d’attachement et de fidélité ; mais lorsque les chaleurs de l’été leur permirent de sortir de Rome avec décence, ils se réunirent à Agnani et à Fundi, et là en sûreté, ils jetèrent le masque, convinrent de leur fausseté et de leur hypocrisie ; ils excommunièrent l’antéchrist de Rome, et procédant à une nouvelle