Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/278

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ment toutes les recherches sur l’origine et les raisons des deux partis ; et pour remédier à tant de maux, ils proposèrent que les deux papes abdiquassent en même temps après que chacun d’eux aurait autorisé les cardinaux de la faction opposée à se réunir pour une élection légitime ; et que les nations refusassent[1] d’obéir à celui des deux compétiteurs qui préférerait ses intérêts à ceux du public. Dès que le saint siége vaquait, ces médecins de l’Église demandaient avec instance qu’on prévînt les funestes suites d’un choix précipité ; mais la politique du conclave et l’ambition des cardinaux n’écoutaient ni la raison ni les prières, et quelques promesses qu’eût pu faire celui qui obtenait la tiare, le pape n’était jamais lié par les sermens du cardinal. L’artifice des pontifes rivaux, les scrupules ou les passions de leurs adhérens, et les vicissitudes des factions qui, en France, gouvernaient l’insensé Charles VI, éludèrent durant quinze ans les desseins pacifiques de l’Université de Paris. On adopta enfin une résolution vigoureuse : une ambassade solennelle, composée du patriarche

    la dernière édition de l’ouvrage de son ami le président de Thou (part. XI, p. 110-184).

  1. Jean Gerson, docteur intrépide, fut l’auteur ou du moins le champion zélé de cet expédient. Il dirigea souvent les procédés de l’Université de Paris et de l’Église gallicane, et il en parle très au long dans ses écrits théologiques, dont Le Clerc (Bibl. choisie, t. X, p. 1-78) a donné un bon extrait. Gerson joua un rôle important aux conciles de Pise et de Constance.