Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/291

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ner et d’en faire son ami. L’inflexible républicain, appelé à Agnani, en revint avec une nouvelle gloire et un accroissement de zèle. Il cherchait une occasion favorable pour exécuter son plan ; il ne l’attendit pas long-temps. Au milieu des jeux de la place Navarre, des enfans et des artisans ayant pris querelle, il s’efforça de convertir cette querelle en un soulèvement général du peuple. Nicolas, toujours humain, ne voulut point le punir de mort ; il se contenta, pour l’éloigner de la tentation, de le reléguer à Bologne, en lui assignant une pension honnête, et ne lui imposant d’autre obligation que celle de se présenter chaque jour devant le gouverneur de la ville. Mais Porcaro avait appris du dernier Brutus qu’on ne doit aux tyrans ni fidélité ni reconnaissance. Il s’occupa dans son exil à déclamer contre la sentence arbitraire du pape ; il forma peu à peu un parti et une conspiration ; son neveu, jeune homme entreprenant, assembla une troupe de conjurés ; au jour convenu, il donna dans sa maison à Rome une fête aux amis de la république. Porcaro, qui s’était évadé de Bologne, parut au milieu des convives avec une robe de pourpre et d’or ; sa voix, son maintien, ses gestes annonçaient un homme dévoué, à la vie et à la mort, à la cause glorieuse qu’il embrassait ; il s’étendit dans un discours étudié sur les motifs et les moyens de l’entreprise ; il fit valoir le nom et les libertés de Rome, la mollesse et l’orgueilleuse tyrannie du clergé, l’aveu formel ou tacite de tous les citoyens ; un secours de trois cents soldats et