Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/292

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quatre cents exilés, dès long-temps exercés à combattre et à souffrir ; Il leur promit, pour les rendre plus ardens à frapper, toute liberté de vengeance ; et enfin, un million de ducats devait être la récompense de la victoire. Demain, fête de l’Épiphanie, il serait aisé, ajouta-t-il, d’arrêter le pape et les cardinaux à la porte de l’église de Saint-Pierre ou au pied de l’autel ; de les conduire chargés de fers sous les murs du château Saint-Ange, et là, de les forcer, par la menace et la vue de la mort, à nous rendre cette forteresse ; de monter ensuite au Capitole, de sonner le tocsin, et, dans une assemblée populaire, de rétablir l’ancienne république. Au moment où il triomphait en idée, il était déjà trahi. Le sénateur, à la tête d’une garde nombreuse, investit la maison où se trouvaient les conjurés ; le neveu de Porcaro parvint à s’ouvrir un passage à travers la foule ; mais le malheureux Étienne fut saisi dans une armoire, s’affligeant de ce que ses ennemis avaient prévenu de trois heures l’exécution de son dessein. Après des crimes si manifestes et si multipliés, le pape n’écouta que sa justice. Porcaro et neuf de ses complices furent pendus sans confession et au milieu des terreurs et des invectives de la cour de Nicolas : les Romains accordèrent leur compassion et presque leur suffrage à ces martyrs de la liberté publique[1]. Mais leur

  1. Machiavel (Ist. fiorentina, l. VI, oper., t. I, p. 210, 211, édit. de Londr., 1747. in-4o) a fait un récit très-court mais très-curieux de la conspiration de Porcaro, qui est d’ailleurs racontée dans le Journal d’Étienne Infessura (Rer.