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suffrage fut muet, leur compassion inutile, et leur liberté à jamais perdue : si on les a vus se soulever depuis dans quelque vacance du saint siége ou lorsqu’on manquait de pain, on trouve de pareils mouvemens au sein de la plus abjecte servitude.

Derniers désordres de la noblesse de Rome.

Mais l’indépendance des nobles, fomentée par la discorde, survécut à la liberté des communes, qui ne peut être fondée que sur l’union du peuple. Les barons conservèrent longtemps le privilége de piller et d’opprimer leurs concitoyens ; leurs maisons étaient des forteresses et des asiles ; ils protégeaient contre les lois une troupe féroce de bandits et de criminels qui les servaient de leurs épées et de leurs poignards. L’intérêt particulier entraîna quelquefois les papes et leurs neveux dans ces querelles domestiques. Sous le règne de Sixte IV, Rome fut bouleversée par les combats que se livrèrent ces maisons rivales, et par les siéges qu’elles entreprirent et soutinrent les unes contre les autres : le protonotaire Colonne fut mis à la torture et décapité après avoir vu son palais en cendres ; et son ami Savelli, prisonnier de ses ennemis, fut égorgé pour n’avoir pas

    ital., t. III, part. II, p. 1134, 1135), et dans un écrit particulier qu’a publié Léon-Baptiste Alberti (Rer. ital., t. XXV, p. 609-614). Il est amusant de comparer le style et les opinions du courtisan et du citoyen. Facimus profecto quo… neque periculo horribilius, neque audaciâ detestabilius, neque crudelitate tetrius, a quoquam perditissimo uspiam excogitatum sit… perdette la vita quell’ uomo da bene, e amatore dello bene e liberta di Roma.