Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

drier[1] au-dessus des héros de Rome et des sages d’Athènes, à regarder enfin le missel ou le crucifix comme des instrumens plus utiles que la charrue ou le métier qui produit des étoffes. Il peut dans les nonciatures ou sous la pourpre acquérir quelque connaissance du monde ; mais son esprit et ses mœurs conservent la tache primitive : sans doute il peut, par l’étude et l’expérience, arriver à une juste appréciation de sa profession ; mais cet artiste sacerdotal doit nécessairement se pénétrer de quelque partie de cet esprit de bigoterie qu’il tâche d’inculquer aux autres. Le génie de Sixte-Quint[2] s’élança de l’obscurité d’un couvent de franciscains ; dans un règne de cinq ans, il anéantit la race des bandits et de tous ces hommes vicieux proscrits par les lois ; il

  1. Un protestant peut dédaigner la dispute sur la préférence que mérite saint François ou saint Dominique ; mais il ne doit pas se hâter de condamner le zèle ou l’esprit judicieux de Sixte-Quint, qui plaça les statues des apôtres saint Pierre et saint Paul sur les colonnes de Trajan et de Constantin, qui ne portaient plus les statues de ces deux empereurs.
  2. Un Italien sorti de son pays, Grégoire Leti, a publié la vie de Sixte-Quint (Amsterd., 1721, 3 vol. in-12). C’est un ouvrage détaillé et amusant, mais il n’inspire pas une pleine confiance. Toutefois ce qu’on y lit du caractère du pape, ainsi que des principaux faits de cette histoire, se trouve confirmé par les Annales de Spondanus et de Muratori (A. D. 1585-1590) et l’Histoire contemporaine du grand de Thou (l. LXXXII, c. 1, 2 ; l. LXXXIV, c. 10 ; l. C, c. 8).