Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/332

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on ne pourra douter que les dernières n’aient été de beaucoup les plus funestes à la ville, et l’on peut citer Pétrarque à l’appui de cette opinion. « Voyez, dit-il, ces restes qui attestent l’ancienne grandeur de Rome ; le temps et les Barbares ne peuvent s’enorgueillir d’une si incroyable destruction ; il faut l’attribuer à ses propres citoyens, aux plus illustres de ses enfans ; et vos ancêtres (il écrivait à un noble de la famille d’Annibaldi) ont fait avec le bélier ce que le héros carthaginois ne put faire avec l’épée de ses troupes[1]. » L’influence des deux dernières causes que je viens de décrire, s’augmenta par une action réciproque, puisque la destruction des maisons et les tours qu’abattait la guerre civile, forçait continuellement à tirer de nouveaux matériaux des monumens de l’antiquité.

Le Colisée ou l’amphithéâtre de Titus.

On peut appliquer chacune de ces observations à l’amphithéâtre de Titus, qui a pris le nom de COLISÉE[2], soit à cause de son étendue, ou de la sta-

  1. Pétrarque adressait ces paroles à son ami, qui lui avait montré en rougissant et en versant des pleurs, mænia, laceræ specimen miserabile Romæ, et qui annonçait l’intention de les rétablir (Carmina latina, l. II, epist. Paulo Annibalensi, XII, p. 97, 98).

    Nec te parva manet servatis fama ruinis
    Quanta quod integræ fuit olim gloria Romæ
    Reliquiæ testantur adhuc ; quas longior ætas
    Frangere non valuit, non vis aut ira cruenti
    Hostis, ab egregiis franguntur civibus heu ! heu !
        Quod ille nequivit
    (Hannibal)
    Perficit hic aries.

  2. Le marquis Maffei traite, dans la quatrième partie