Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/331

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« Les maisons, dit un contemporain cardinal et poète[1], furent écrasées par des pierres d’une grosseur énorme et lancées avec rapidité[2]. Les coups du bélier percèrent les murailles ; les tours furent enveloppées de feu et de fumée, et l’ardeur des assiégeans était excitée par l’avidité et le ressentiment. » La tyrannie des lois acheva l’ouvrage de la destruction, et les diverses factions de l’Italie, se livrant à des vengeances aveugles et inconsidérées, rasèrent tour à tour les maisons et les châteaux de leurs adversaires[3]. Si l’on compare quelques jours d’invasions étrangères à des siècles de guerres intestines,

  1. Jacques, cardinal de Saint-George, ad velum aureum, dans la Vie du pape Célestin V, qu’il a composée en vers (Muratori, Script. ital., t. I, part. III, p. 261, l. I, c. 1, vers. 132, etc.)

    Hoc dixisse sat est, Romam caruisse senatu
    Mensibus exactis heu sex ; belloque vocatum (vocatos)
    In scelus in socios fraternaque vulnera patres.
    Tormentis jecisse viros immania saxa ;
    Perfodisse domus trabibus, fecisse ruinas
    Ignibus ; incensas turres, obstructaque fumo
    Lumina vicino, quo sit spoliata supellex.

  2. Muratori (Dissertazioni sopra le antiquità italiane, t. I, p. 427-431) nous apprend qu’on se servait souvent de boulets de pierre du poids de deux ou trois quintaux : on les porte quelquefois à douze ou dix-huit cantari de Gènes : chaque cantaro pèse cent cinquante livres.
  3. La sixième loi des Visconti abolit ce funeste usage ; elle enjoint strictement de conserver pro Communi utilitate les maisons des citoyens bannis (Gulvaneus, de la flamma, in Muratori, Script. rerum italicarum, t. XII, p. 1041).