Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/337

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core de nos jours les traits et le caractère de l’antiquité. Les autres étaient comme à l’ordinaire pour le parti des Colonne ou pour celui des Ursins. Les deux factions s’enorgueillissaient du nombre et de la beauté de leurs femmes ; l’historien vante les charmes de Savella des Ursins, et les Colonne regrettèrent l’absence de la plus jeune femme de leur famille, qui s’était foulé la cheville du pied dans les jardins de la tour de Néron. Un vieux et respectable citoyen tira au sort les combattans, qui, descendus dans l’arène, attaquèrent les taureaux sans autre arme qu’une lance, et, à ce qu’il paraît, à pied. Monaldescho indique ensuite les noms, les couleurs et les devises de vingt des chevaliers les plus distingués : parmi ces noms, on en trouve plusieurs des plus illustres de Rome et de l’état ecclésiastique, les Malatesta, Polenta, della Valle, Cafarello, Savelli, Capoccio, Conti, Annibaldi, Altieri, Corsi. Chacun d’eux avait choisi sa couleur d’après son goût et sa situation. Les devises respiraient l’espérance ou la douleur, la bravoure ou l’esprit de galanterie : « Je suis seul comme le plus jeune des Horaces, disait un intrépide étranger. — Je vis inconsolable, était la devise d’un veuf affligé. — Je brûle sous la cendre, celle d’un amant discret. — J’adore Lavinie ou Lucrèce, ces mots équivoques déclaraient et cachaient une passion plus moderne. — Ma fidélité est aussi pure, était la devise d’une livrée blanche. — Si je suis noyé dans le sang, est-il une mort plus agréable ? ainsi s’exprimait un courage féroce. — Y a-t-il quelqu’un de plus fort que