Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/41

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mérité l’un et l’autre notre attention en occupant les armes ottomanes de manière à différer la ruine de l’empire grec. Jean Castriot, père de Scanderbeg, était[1] souverain héréditaire d’un petit district de l’Épire ou de l’Albanie, entre les montagnes et la mer Adriatique. Trop faible pour résister à la puissance du sultan, Castriot acheta la paix en se soumettant à la dure condition de payer un tribut. Il donna ses quatre fils pour otages ou garans de sa fidélité ; et les quatre jeunes princes, après avoir été circoncis, furent élevés dans la religion de Mahomet, et formés à la politique et à la discipline des Turcs[2]. Les trois aînés restèrent confondus dans la foule des esclaves, et périrent, dit-on, par le poison ; mais l’histoire ne fournit point de preuve qui autorise à rejeter ou à admettre cette imputation. Elle paraît peu probable, lorsque l’on considère les soins et l’attention avec lesquels on éleva George

    laume Ier, prince d’Orange, Alexandre, duc de Parme, Jean Huniades et George Castriot ou Scanderbeg.

  1. Je désirerais trouver quelques Mémoires simples et authentiques écrits par un ami de Scanderbeg, qui me représentassent le lieu, l’homme et les temps. La vieille histoire nationale de Marinus Barletius, prêtre de Scodra (De vitâ, moribus et rebus gestis Georgii Castrioti, etc., l. XIII, p. 367, Strab. 1537, in-fol.), ne nous le laisse voir qu’empêtré dans un vêtement bizarre et chargé d’ornemens mensongers. Voyez Chalcocondyles, l. VII, page 185 ; l. VIII, p. 229.
  2. Marinus parle légèrement et avec répugnance de son éducation et de sa circoncision (l. I, p. 6, 7).