Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/42

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Castriot, le quatrième frère, qui annonça dès sa plus tendre jeunesse la vigueur et l’intrépidité d’un soldat. Il obtint la faveur d’Amurath par trois victoires successives sur un Tartare et deux Persans qui avaient fait un défi aux guerriers de la cour ottomane, et le nom Turc de Scanderbeg, Iskender Beg ou le seigneur Alexandre, atteste également sa gloire et sa servitude. La principauté de son père fut réduite en province ; mais on lui accorda pour indemnité le titre et le rang de sangiac, le commandement de cinq mille chevaux et la perspective des premières dignités de l’empire. Il servit avec honneur dans les guerres d’Europe et d’Asie ; et l’on ne peut se défendre de sourire à l’artifice ou à la crédulité de l’historien qui suppose que Scanderbeg ménageait les chrétiens dans toutes les rencontres, tandis qu’il se précipitait comme la foudre sur tout ennemi musulman. La gloire d’Huniades est sans reproche ; il combattit pour sa patrie et sa religion : mais les ennemis qui ont loué la valeur du patriote hongrois, ont flétri son rival des épithètes ignominieuses de traître et d’apostat. Aux yeux des chrétiens, la révolte de Scanderbeg est justifiée par les injures de son père, par la mort suspecte de ses trois frères, par sa propre dégradation et l’esclavage de son pays. Ils admirent le zèle généreux, quoique tardif, avec lequel Scanderbeg défendit la foi et l’indépendance de ses ancêtres ; mais depuis l’âge de neuf ans, ce guerrier professait la doctrine du Koran, et l’Évangile lui était inconnu. L’autorité et l’habitude déter-