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coup de monde devant Croya, la forteresse de la résidence des Castriot, et en leva honteusement le siége. Durant sa marche, son attaque et sa retraite, il eut toujours à se défendre d’un ennemi presque invincible qui le harcelait sans cesse[1], et le dépit de cette humiliante expédition contribua peut-être à abréger les jours du sultan[2]. Dans la gloire de ses conquêtes, Mahomet II ne put arracher cette épine de son sein, il permit à ses lieutenans de négocier une trêve ; et le prince d’Albanie mérite d’être considéré comme le défenseur habile et zélé de la liberté de son pays. L’enthousiasme de la religion et de la chevalerie a placé son nom entre ceux d’Alexandre et de Pyrrhus, qui ne rougiraient pas sans doute de leur intrépide compatriote ; mais la faiblesse de sa puissance et de ses états le place à une grande dis-

    l’un en Bulgarie et l’autre en Albanie. Le premier à soixante dix milles de Croya (l. I, p. 17) était contigu à la forteresse de Sfetigrade, dont les habitans refusèrent de boire l’eau d’un puits où l’on avait eu la perfidie de jeter un chien mort (l. V, p. 139, 140). Il nous manque une bonne carte de l’Épire.

  1. Comparez le récit du Turc Cantemir avec la déclamation prolixe du prince albanais (l. IV, V et VI), qui a été copié par toute la séquelle des étrangers et des modernes.
  2. En l’honneur de son héros, Barletius (l. VI, p. 188-192) fait mourir le sultan sous les murs de Croya, de maladie à la vérité ; mais cette fable ridicule est anéantie par les Grecs et les Turcs, qui conviennent unanimement de l’époque et des circonstances de la mort d’Amurath à Andrinople.