Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/47

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tance des héros qui ont triomphé de l’Orient et des légions romaines. Une saine critique doit peser dans de justes balances le récit brillant de ses exploits, les pachas et les armées vaincues, et les trois mille Turcs qu’il immola de sa propre main. Dans la solitude obscure de l’Épire, et contre un ennemi ignorant, ses biographes ont pu permettre à leur partialité toute la latitude accordée aux romans ; mais l’histoire d’Italie jette sur leurs fictions le jour de la vérité. Ils nous apprennent eux-mêmes à nous défier de leur sincérité, par le récit fabuleux qu’ils nous donnent de ses exploits, lorsque, passant la mer Adriatique à la tête de huit cents hommes, il vint secourir le roi de Naples[1]. Ils auraient pu avouer sans ternir sa gloire, qu’il fut à la fin forcé de céder à la puissance ottomane. Réduit aux dernières extrémités, il demanda un asile au pape Pie II, et ses ressources étaient probablement épuisées, puisqu’il mourut fugitif à Lissus dans le territoire de Venise[2].

  1. Voyez ses exploits dans la Calabre, neuvième et dixième livres de Marinus Barletius, auxquels on peut opposer le témoignage ou le silence de Muratori (Ann. d’Ital., t. XIII, p. 291) et de ses auteurs originaux, Jean Simonetta (De rebus Francisci Sfortiæ, in Muratori, Scriptor. rerum ital., t. XXI, p. 728, et aliàs). La cavalerie albanaise devint bientôt fameuse en Italie sous le nom de Stradiots (Mém. de Comines, l. VIII, c. 5).
  2. Spondanus, d’après les meilleures autorités et les plus sages réflexions, a réduit le colosse de Scanderbeg à une taille ordinaire (A. D. 1461, no 20 ; 1463, no 9 ; 1465, nos 12, 13 ; 1467, no 1). Ses propres lettres au pape et le témoignage