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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/13

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fut ensuite forcé de lever l’étendard de la révolte. Son origine est à peine connue, et l’obscurité de sa naissance a donné lieu également à la malignité de ses ennemis et à la flatterie de ses partisans. Les uns prétendent qu’il était le fruit illégitime du commerce d’un soldat[1] avec la femme d’un tanneur. Selon le rapport des autres, il descendait des anciens rois de Perse, quoique le temps et la fortune eussent insensiblement réduit ses ancêtres au rang de simples citoyens[2]. Artaxercès s’empressa d’adopter cette dernière opinion. Comme héritier légitime de la monarchie, il résolut de faire valoir les droits qui l’appelaient au trône ; et, rempli d’une noble ardeur, il forma le projet de délivrer les Perses de l’oppression sous laquelle ils avaient gémi plus de cinq siècles depuis la mort de Darius. Les Parthes furent vaincus ; trois grandes batailles décidèrent de leur sort. Dans la dernière, le roi Artaban perdit la vie, et le courage de la nation fut pour jamais anéanti[3]. Après une victoire si décisive, Artaxercès fit reconnaître solennellement son autorité dans une assemblée tenue à Balk, ville du Khorasan. Deux jeunes princes de la maison des Arsacides restèrent confon-

  1. Le nom du tanneur était Babek ; celui du soldat, Sassan : d’où Artaxercès fut nommé Babekan, et tous les descendans de ce prince ont été appelés Sassanides.
  2. D’Herbelot, Bibliothéque orientale, au mot Ardshir.
  3. Dion-Cassius, l. LXXX ; Hérodien, l. VI, p. 207 ; Abul-pharage, Dyn., p. 80.