Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/138

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de conquérans imaginaires, ont embrassé une opinion qui, par sa simplicité même, nous paraît être la seule vraie[1]. Selon leurs savantes conjectures, les anciens habitans du Weser et du Bas-Rhin se réunirent vers l’an 240[2], et formèrent une nouvelle confédération sous le nom de Francs. Le cercle de Westphalie, le landgraviat de Hesse, les duchés de Brunswick et de Lunebourg étaient autrefois la patrie des Chauques, qui, dans leurs marais inaccessibles, défiaient les armes romaines[3], des Chérusques, fiers du nom d’Arminius, des Cattes, redoutables par la force et par l’intrépidité de leur infanterie, et de plusieurs autres tribus[4] moins puissantes et moins célèbres[5]. L’amour de la liberté était la passion dominante de ces Germains, la jouissance de

  1. Voyez Cluvier, Germ. ant., III, c. 20 ; M. Fréret, Mém. de l’Académie, tom. XVIII.
  2. Vraisemblablement sous le règne de Gordien. La circonstance particulière qui y donna lieu a été pleinement examinée par Tillemont, tom. III, p. 710, 1181.
  3. Pline, Hist. nat., XVI, I. Les panégyristes font souvent allusion aux marais des Francs.
  4. La confédération des Francs paraît avoir été formée, 1o. des Chauques (Chauci) ; 2o. des Sicambres, habitans du duché de Berg ; 3o. des Attuariens, au nord des Sicambres, dans la principauté de Waldeck, entre la Dimel et l’Eder ; 4o. des Bructères, sur les bords de la Lippe et dans le Hartz ; 5o. des Chamaviens (Gambrivii de Tacite), qui s’étaient établis dans le pays des Bructères, lors de la confédération des Francs ; 6o. des Cattes, dans la Hesse. (Note de l’Éditeur).
  5. Tacite, Germ., 30, 37.