Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/147

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ment[1]. Mais, selon toute probabilité, ce qu’il faut voir dans le récit de cette étonnante victoire, c’est la crédulité de l’historien, ou peut-être les exploits exagérés de quelque lieutenant de l’empereur. Gallien employa des armes d’une nature bien différente pour défendre l’Italie de la fureur des Germains. Il épousa Pipa, fille d’un roi des Marcomans, tribu suève, souvent confondue avec les Allemands dans leurs guerres et dans leurs conquêtes[2] ; et il accorda au père, pour prix de son alliance, un établissement considérable en Pannonie. Il paraît que les charmes naturels d’une beauté sauvage fixèrent l’inconstance de l’empereur, et que les liens de la politique furent resserrés par ceux de l’amour. Mais l’orgueilleuse Rome conservait encore ses préjugés : elle refusa le nom de mariage à l’alliance profane d’un citoyen avec une Barbare, et l’épouse de Gallien ne fut jamais désignée que sous le titre flétrissant de sa concubine[3].

Incursion des Goths.

III. Nous avons déjà tracé la marche des Goths depuis la Scandinavie, au moins depuis la Prusse, jusqu’à l’embouchure du Borysthène ; et nous les avons vu porter ensuite leurs armes victorieuses sur les bords du Danube. Les provinces romaines que ce

  1. Zonare, l. XII, p. 631.
  2. L’un des Victor l’appelle roi des Marcomans ; l’autre, roi des Germains.
  3. Voyez Tillemont, Histoire des Empereurs, tom. III, p. 398, etc.