Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/16

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soixante-dix sectes : toutes expliquaient différemment les dogmes fondamentaux de leur religion, et

    leur art ; mais Kleuker, dans les dissertations qu’il a ajoutées à celles d’Anquetil et de l’abbé Foucher, a prouvé :
    1o. Que le Zend était réellement une langue autrefois vivante et parlée dans une partie de la Perse ;
    2o. Que la langue dans laquelle sont écrits les livres qui renferment la doctrine de Zoroastre est bien l’ancien Zend ; en sorte qu’ils n’ont pu être écrits que dans un temps où cette langue était encore vivante et parlée ;
    3o. Que le Zend, depuis qu’il est une langue parlée, n’a plus été en usage comme langue écrite ; de sorte que les livres écrits en Zend n’ont pu l’être que dans le temps où le Zend était langue vivante.
    Quant à l’époque où le Zend a été langue parlée et où Zoroastre a vécu, elle est encore parmi les érudits un objet de discussion : les uns, tels que Hyde et Anquetil lui-même, placent Zoroastre sous la dynastie des rois perses, commencée par Cyrus, et le font contemporain de Darius-Hystaspes ; ce qui placerait sa vie au milieu du 6e siècle avant Jésus-Christ ; les autres, tels que MM. Tychsen, Heeren, etc., le placent sous la dynastie des Mèdes, et pensent que le roi Guschtasps, sous lequel Zoroastre lui-même dit avoir vécu, est le même que Cyaxare 1er, de la race des Mèdes, qui régnait soixante-dix ans avant Cyrus, et cent ans avant Darius-Hystaspes. Cette opinion, appuyée sur plusieurs passages du Zend-Avesta, paraît la plus vraisemblable : la description que donne Zoroastre lui-même, au commencement de son Vendidad, des provinces et des principales villes du royaume de Guschtasps, ne saurait convenir aux rois perses, et s’applique à la dynastie des Mèdes. Quelques critiques, entre autres l’abbé Foucher, reconnaissent deux Zoroastre : le plus ancien (autrement appelé Zerduscht), véritable fondateur de la religion des mages, a dû vivre sous Cyaxare 1er ; et le second, simple réformateur, sous Darius-Hystaspes. Cette opinion n’est fondée que sur un passage de Pline l’Ancien, dont l’autorité est très douteuse, parce que les connaissances des Grecs et des Latins sur Zoroastre sont pleines d’incertitudes et de contradictions. Voyez Hyde, De rel. vet. Pers., p. 303, 312, 335 ; une dissertation du professeur Tychsen, De religionum zoroastricarum, apud veteres gentes vestigiis. In comment. soc. Goet., t. II, p. 112 ; une dissertation de l’abbé Foucher sur la personne de