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nom de tyran pour désigner ceux qui s’emparaient de l’autorité suprême par des voies illégitimes. Cette dénomination odieuse n’avait alors aucun rapport avec l’abus du pouvoir. Plusieurs des prétendans qui levèrent l’étendard de la révolte contre l’empereur Gallien, étaient de brillans modèles de vertu ; ils possédaient presque tous beaucoup de talens et de fermeté. Leur mérite leur avait attiré la faveur de Valérien, et les avait insensiblement élevés aux premières dignités de l’état. Les généraux, qui prirent le titre d’Auguste, s’étaient concilié le respect de leur armée par leur habileté à maintenir la discipline, ou son admiration par leur bravoure et leurs exploits, ou son affection par leur générosité et leur franchise : ils furent souvent proclamés sur le champ de la victoire. L’armurier Marins lui-même, le moins illustre de ces candidats, se distingua par l’intrépidité de son courage, par une force de corps extraordinaire et par l’honnêteté de ses mœurs grossières[1].

Leur naissance obscure.

La médiocrité de la profession qu’il venait d’exercer, jette, il est vrai, un air de ridicule sur son élévation soudaine ; mais sa naissance ne pouvait pas être plus obscure que celle de la plupart de ses rivaux, qui, nés de paysans, étaient d’abord entrés au service comme simples soldats[2]. Dans les siècles de con-

  1. Voyez le discours de Marius, dans l’Histoire Auguste, p. 197. La conformité des noms a pu seule engager Pollion à imiter Salluste.
  2. Marius fut tué par un soldat qui lui avait jadis servi d’ouvrier dans sa boutique, et qui lui dit en le frappant :